PARIS – Rue et Place Nationale
En 1991, un sujet devenu depuis crucial : la transformation « à vue » d’immeubles sans déménager les habitants, un travail sur le quartier autant que sur les immeubles, les halls, les façades et les intérieurs.
Dans ce quartier traditionnellement faubourien du 13ème arrondissement, mais aussi celui aussi des « Hautes Formes », les opérations de rénovation des années 60 et 70 ont laissé une ville hybride : on trouve les « barres » et tours caractéristiques des « grands ensembles » d’habitation, avec leurs espaces publics distendus et abandonnés, qui résultent du soin porté à ne pas s’aligner sur les anciennes rues, devenues des voiries, où on y trouve encore le tissu ancien des petits immeubles installés le long des rues. En effet, la table rase moderniste n’a pas été complète, et le résultat entremêle deux concepts de ville parfaitement antagonistes. Un Age I, une ville à rue. Un Age II, la ville des objets que l’urbaniste a placé sur une grille virtuelle de deux directions perpendiculaires, pour éviter que les bâtiments nouveaux suivent les bords des rues !
Ici, existaient quatre importantes « barres » de logements, et entre elles et les rues, l’espace était délaissé. Inutile, Christian de Portzamparc réduit ces espaces publics et les sépare clairement des nouveaux espaces privés (entrée, jardin).
Il démolit une petite « barre », qui fait de l’ombre, et bâtit deux immeubles-villas qui rétablissent la lecture de l’alignement de la rue sur laquelle, entre ces nouveaux immeubles, il installe l’entrée donnant sur un jardin commun à toutes les résidences.
Les logements à rez-de-chaussée sont supprimés et remplacés par de nouveaux halls transparents entre les jardins Est et Ouest qui lient plusieurs cages d’escaliers. Les logements sont isolés acoustiquement et thermiquement, les menuiseries neuves, et les balcons sont portés de 80 cm à 1m80, munis de stores ; ils deviennent des lieux de vie. Ceci transforme les façades où des lignes verticales structurellement inutiles sont ôtées.
Sur le jardin arrière, la « barre » la plus petite devient un tout nouvel immeuble par la création de loggias et le changement du revêtement isolant. Les habitants, soudain, ouvrent des portes-fenêtres sur des terrasses donnant sur jardin.
Pour la grande Place Nationale, l’idée fut d’installer un symbole public : c’est une école d’art de la ville de Paris, une construction faite de deux cubes superposés qui prend la place de la petite « barre » et de son ancien jardin. L’école d’art abrite, en son sommet, des ateliers d’artistes. Elle a donné un sens et une vie neuve à la place qui était un simple carrefour.
PROGRAMME : Projet urbain – Programme mixte de logements, de commerces et d’un équipement public / Réhabilitation de 3 immeubles de 608 logements, destruction d’un immeuble, construction de deux immeubles d’habitation et commerces, construction d’un immeuble comprenant une école d’enseignement artistique, une salle de concert, des ateliers d’artistes.
SURFACES : Réhabilitation de logements : 75 000 m² | Construction de logements et commerces : 3500 m² | École d’enseignement artistique : 5 500 m²
CLIENT : Régie Immobilière de la Ville de Paris (R.I.V.P.)
ARCHITECTE : Christian de Portzamparc
BET : Bureau de contrôle Veritas